Aït Mohli, hélas devenue
Beni Mohli depuis les années 1990, comme la plupart des villages de Kabylie que l´Etat algérien
arabise petit à petit, est une petite commune d´environ 9000 habitants (recensement de 1987), composée de
12 villages (
Tichi qui est notre village,
Aït Lkhatal,
Hidhouss,
Kantija,
Aguemoune,
Agwni-Foughal,
Ahfir,
Taddarth-Ougamate,
Sidi-Bouâza,
Amezoug,
Boussaâda, et
mairie centre).
Voici quelques photos de ces villages qui la composent (cliquez sur l´image pour l´agrandir).
Situé au sud de
Vgayeth, à deux minutes (à vol d´oiseaux), mais à une cinquantaine de kilomètres de cette dernière. Vu que c´est une zone montagneuse, on y voit même
Yema Gouraya quand il n y´a pas de brume, car
Aït Mohli est à une altitude élevée de 850 mètres.
Elle offre une excellente vue qui porte très loin. Le climat est variable, très froid en hiver pouvant atteindre 5 degrés et chaud en été (la température est en moyenne de 22 degrés).
La haute montagne est recouverte par de belles forêts de chêne Zéen, Afarès et chêne-liège. La neige y est abondante en saison hivernale et la pluviométrie dépasse 2.200 mm par an.
Géographiquement, elle est limitée au nord par la commune d´
Ibarbachen (
Barbacha), à l´est par la commune de
Bousselam (daïra "sous-préfecture" de
Bouandas), au sud par celles de
Ath Chbana et
Ath Ourtilène, et à l´ouest par les deux villages de
Tifritine et
Tizi qui font partie de la commune de
Feraoun (daïra d´
Amizour), et par la commune d´
Ath Jlil (daïra d´
Amizour) ainsi que la commune de
Beni Maouche qui fait partie de la daïra de
Seddouk.
Mettez le curseur (la souris) sur
Ath-Mohli (en rouge sur l´image) pour voir cette partie de la Kabylie :
Elle est l´une des quatre communes (avec
Ath Chebana devenue
Beni Chebana,
Aïn Lagradj, et
Ath Ourtilène devenue
Beni ourtilène, « Eeeh Oui, comme dit notre cher regretté
Lounès Matoub », qui fait partie de la daïra de
Beni Ourtilène, dans le département de
Sétif.
Depuis le découpage électoral de 1989, elle ne faisait plus partie de
Vgayeth (commune d´
Ath Chbana, daïra d´
Akbou), elle est rattachée à la wilaya (préfecture) de
Sétif malgré le refus de ses habitants qui ont réclamé et protesté contre cette décision, d´ailleurs une délégation composée de représentant de chaque village a été reçu au siége de la wilaya à
Vgayeth, à Sétif, puis à
Alger au ministère de l´Intérieur, et malgré la délibération qui a eu lieu, la décision resta inchangée.
Sans oublier le grand éloignement (99 kilomètres) du chef lieu de la wilaya de
Sétif.
Lors des élections législatives de juin 1991,
Hocine Aït Ahmed est élu au premier tour, avec plus de 78% de voix, comme député de la daïra de
Beni Ourtilène.
En 1995, un groupe de jeunes du village
Tichi, voulant créer une association, en l´appelant
Thafath (Lumière), ont rencontré des problèmes. Et l´agrément n´a été accepté (à Sétif) par les autorités qu´après avoir obligé les membres à changer le nom de cette association en
Ennour (qui veut dire la même chose mais en arabe).
Les habitants d´
Ath Mohli sont essentiellement des paysans arboriculteurs en raison de la nature de leur sol qui n´est qu´un vaste réseau de montagnes. Sur les pentes aménagées, ils font croître l´olivier et le figuier, et quelques arbres fruitiers. Ils consommaient une partie de leur production d´huile et de figues et commercialisaient l´autre. La culture des céréales est très limitée car
Aït Mohli est une zone montagneuse, quant à l´élevage, restreint à quelques maigres troupeaux de chèvres, de moutons, rarement de bovins. Il y´a aussi l´industrie artisanale (tissage, travail du bois ...). La chasse est très pratiquée, car il y´a beaucoup de gibiers.
Quant à la route accédant à
Aït Mohli, elle est étroite et plus ou moins plate, soit on accède par
Barbacha ou
Feraoun (en venant d´
Amizour), par
Bouandas (en venant de
Sétif), par
Ath Ourtilène et
Ath Chbana (en venant de
Sétif ou de
Seddouk), et enfin par
Aït Jlil (en venant par un autre chemin d´
Amizour ou de
Seddouk).
Vu la nature du sol, et le manque de travail, beaucoup de ses habitants se sont immigrés particulièrement en France, depuis les années cinquante et soixante, et ça continue toujours, surtout depuis les événements du printemps noir kabyle en 2001, où beaucoup de personnes, à majorité très jeunes préfèrent rester en France, sans travail mais avec dignité et liberté, que de rester en Algérie, surtout dans ces villages kabyles qui font partie d´une wilaya autre que
Vgayeth ou
Tizi Ouzou, où la population kabyle est minoritaire, comme ce fut le cas d´
Aït Mohli, toute la région d´
Ath Ourtilène se paupérise de plus en plus.
Dans ces endroits où pratiquement, il n y´a pas de projet, et si il y´en a, on ne les voit jamais. citant l´exemple de l´inexistence d´une maternité ou d´un lycée au niveau de la commune d´
Aït Mohli, et l´électrification des derniers villages non électrifiés n´a lieu qu´en 1992 (et pourtant notre pays est riche, et les deux centrales électriques (à
Kherrata et
El Kseur) qui alimentent une partie de la Tunisie, n´est qu´à une trentaine de kilomètres d´
Aït Mohli), et c´est pratiquement la population qui a tout fait, On lui a fourni que du matériel, et très difficilement.
Le secteur éducatif compte neuf (09) écoles primaires, un (01) collège (C.E.M), et un (01) cabinet (médecine générale).
Afin de redynamiser l´économie communale et fixer définitivement ses habitants, il est nécessaire d´œuvrer à la création d´emplois (dans l´agriculture, l´élevage, l´artisanat, la petite industrie, le travail du bois, le B.T.P,...etc.), l´aide à la réalisation du logement individuel, l´amélioration du niveau d´équipement des villages (la santé, l´enseignement, les loisirs,...etc.) et l´amélioration des voies de communication entre
Ath Mohli et les communes limitrophes.
La forte population émigrée est conséquente au problème du chômage sévissant dans la commune. C´est grâce aux émigrés que la plupart des maisons, des puits d´eau, des commerces, des moyens de transport (exemple les quelques fourgons transportant les écoliers), des mosquées,...etc, sont construits. Et actuellement il y´a une très forte population représentant notre communauté en Ile-de-France.
Signalons que les Kabyles qui ne font pas partie des deux importantes wilayas de
Vgayeth et
Tizi Ouzou, rencontrent des problèmes administratifs, comme par exemple donner un prénom berbère à un nouveau né. Les prénoms originels tels
Jugurta,
Dihya,
Syphax,
Juba,
Koceila,
Massinissa,...etc., sont interdits par l´état-civil.
En 2001, révolte à
Aït Mohli comme toutes les régions de la Kabylie,
Yahya Hamadou, âgé de 59 ans (né le 02 octobre 1942 à
Aït Mohli) a été fauché par une balle réelle d´un gendarme, le 27 avril 2001, voici deux photos de
Dda Yahya, à gauche, quand il avait la quarantaine, et à droite, au moment de son décès :
Plusieurs blessés par balles à
Aït Mohli, dont le plus gravement atteint, touché à la colonne vertébrale, comme par hasard a comme prénom
Matoub, et jusqu´à maintenant, on n´a pas pu lui retirer cette balle. Voici la photo de ce brillant collégien, resté handicapé :
Le quarantième jour de l´enterrement du regretté
Yahya Hamadou a été célébré, par la population de toute la commune d´
Aït Mohli, et des communes avoisinantes, voici quelques photos des personnes de différents villages, qui ont participés à cet hommage (dont celle du village de
Tichi).
Pour voir les photos des autres villages, cliquez sur l´image correspondante :
Gloire à tous ces
martyrs pour la liberté et l´amazighité.
Durant le tremblement de terre qui a secoué la région d´
Ath Ourtilène, un collectif berbère "
Solidarité kabyle" (en France) a été crée, pour aider les sinistrés de cette partie de la Kabylie, l´association "
Azul" faisant partie.
Depuis ce tremblement de terre, la plupart des maisons sont détruites, surtout à
Ath Ourtilène, et l´eau a disparu des puits qui se sont vidés. Les gens sont obligés de parcourir des kilomètres pour chercher cet eau, un exemple de ce petit
garçon du village Kantija.
L´ensemble de la population d´Ath Mohli a boycoté les élections législatives de mai 2002 à
100%, en suivant l´ordre des aârouchs, et celle des locales du 10 octobre 2002 à peu près à
90%, le FFS (Front des forces socialistes) a été élu.
Lors du vote du 08 avril 2004 pour les présidentielles ou
Bouteflika est réelu, la population de cette commune comme dans toute la Kabylie, a boycoté ces élections.
En 2004, il n y´a toujours pas de maternité, ni de lycées, les gens se débrouillent comme ils le peuvent, avec leurs moyens dérisoires, beaucoup de personnes s´éxodent avec toutes leurs familles dans les villes comme
Vgayeth,
EL Kseur,
Amizour,…etc, soient ils achétent des maisons ou construisent en achetant un bout de terrain, bien sur pour les familles ayant quelques moyens financiers (en faisant économiser la retraite d´un parent ou grand-parent ayant travaillé en France, mais en se privant de beaucoup de choses car en moyenne une famille est composée de 7 personnes au minimum avec comme seul salaire, la retraite de ce parent ou de ce grand-parent), et les problèmes commencent une fois que ces derniers décédent.
Un seul médecin géneraliste pour toute la région, on s´y croit dans les années cinquante, c´est vraiment triste, les autorités disent qu´il n y a pas de budget.
Les seuls budgets, depuis 2002, sont la construction des chateaux d´eau, l´alimentation en eaux de tous les villages, malheureusement c´est en 2004 que tout a été réglé pour enfin boire de l´eau chez soit, et on est en 2004. Il y´a eu aussi l´agrandissement de quelques écoles primaires (construction de classes en plus).